A Rome, le pape exhorte les évêques de Chine au « courage ». A Pékin, les autorités ont convoqué l’Assemblée nationale des représentants catholiques pour les 7, 8 et 9 décembre 2010

A Rome, à l’issue de l’audience générale de ce 1er décembre, le pape Benoît XVI a lancé un appel « au courage » à destination des évêques de l’Eglise en Chine. Son message s’inscrit dans une actualité marquée, il y a dix jours, par l’ordination illicite – car faite sans mandat pontifical – d’un évêque « officiel », et par l’annonce, aujourd’hui,. ..

... des dates auxquelles se tiendra, à Pékin, la huitième Assemblée nationale des représentants catholiques, une instance non reconnue par l’Eglise catholique.

Devant les pèlerins réunis ce 1er décembre à Rome, au nombre desquels se trouvait un groupe d’une quarantaine de Chinois assis aux premiers rangs, le pape s’est exprimé en ces termes: « Je recommande à vos prières et à celles des catholiques du monde entier l’Eglise en Chine qui, comme vous le savez, vit actuellement des moments particulièrement difficiles. Demandons à la Bienheureuse Vierge Marie, Secours des Chrétiens, de soutenir tous les évêques chinois, qui me sont si chers, afin qu’ils témoignent de leur foi avec courage, plaçant toute leur espérance dans le Sauveur que nous attendons. Confions en outre à la Vierge tous les catholiques de ce pays bien-aimé afin que, par son intercession, ils puissent vivre une authentique existence chrétienne en communion avec l’Eglise universelle, contribuant ainsi à l’harmonie et au bien commun de leur noble peuple » (1).

On se souvient ici que l’ordination du P. Guo Jincai, le 20 novembre dernier, au titre d’évêque « officiel » du diocèse de Chengde avait soulevé de vives réactions au Saint-Siège, des communiqués, publiés le 18 et le 24 novembre, redisant toute son opposition à l’ordination en Chine d’évêques sans mandat pontifical, mettant en doute la validité même de cette ordination et blâmant nominalement M. Liu Bainian (1). Les « moments particulièrement difficiles » vécus actuellement par l’Eglise en Chine renvoient, sans nul doute, dans les paroles du pape à cette ordination. Ils ont aussi très certainement trait à la huitième Assemblée nationale des représentants catholiques. Attendue depuis de nombreux mois, la nouvelle de la convocation de cette assemblée est tombée aujourd’hui à Pékin: les délégués catholiques, évêques, prêtres, religieuses et laïcs (au total plusieurs centaines, non compris les officiels du gouvernement qui les accompagneront), approuvés par Pékin, se réuniront dans la capitale chinoise (à l’Hôtel de l’Amitié) du 7 au 9 décembre prochain. Un des objectifs essentiels de cette assemblée sera d’élire les différents responsables nationaux des structures officielles de l’Eglise catholique, dont les présidents respectifs de la Conférence des évêques « officiels » et de l’Association patriotique des catholiques chinois.

Ces derniers mois, les préparatifs de cette assemblée, dénuée de toute légitimité ainsi que l’a exprimé le pape Benoît XVI dans sa Lettre aux catholiques chinois de 2007, se sont intensifiés. Des « sessions d’études » pour évêques ont été organisées à différentes occasions, afin, très certainement, de s’assurer de la coopération des futurs délégués. Selon les observateurs, on peut donc penser que le déroulement et les décisions prises lors de cette assemblée de trois jours ont déjà été décidés. L’ordination forcée du P. Guo Jincai s’inscrit certainement dans ce travail de préparation pour lui permettre de prendre un poste à la tête de l’Association patriotique aux cotés de Mgr Ma Yinglin, évêque de Kunming. Tous deux sont des évêques « officiels » dépourvus de mandat pontifical. La question reste ouverte de savoir si l’appel du pape « à tous les évêques chinois » de témoigner de leur foi « avec courage » peut amener les évêques « officiels » et reconnus par Rome à s’opposer à des décisions imposées à eux par Pékin.

Au même moment, circule via Internet une « lettre ouverte » adressée par la responsable d’une importante ONG aconfessionnelle à plusieurs ministères de l’Etat et aux responsables de l’Eglise en Chine. Cette responsable, qui courageusement signe de son nom avec les qualificatifs « catholique et citoyenne », appelle les autorités civiles à faire preuve envers Mgr Ma Yinglin de la même rigueur anticorruption que celle qui est imposée aux hauts fonctionnaires et aux responsables politiques du pays. La lettre demande une enquête sur des malversations financières et des écarts de conduite moraux dont se seraient rendus coupables Mgr Ma Yinglin. L’auteur de la lettre estime qu’en tant que personnage public – Mgr Ma est membre du Comité permanent de la Conférence consultative politique du peuple chinois, et probablement futur président de l’Association patriotique –, l’évêque de Kunming devrait se montrer irréprochable dans la conduite de ses affaires privées.

(1) Traduction française de l’agence Fides, 1er décembre 2010.

(2) Voir EDA 540

(Source: Eglises d'Asie, 1er décembre 2010)