La crise financière et le typhon Morakot ont amoindri les recettes habituellement tirées de la vente des gâteaux de lune par une ONG catholique

La Fondation Saint-Joseph pour le bien-être social déplore que, cette année, les recettes tirées de la traditionnelle vente des gâteaux de lune soient d’un tiers inférieures à celle de l’année 2008 (1). Selon ses responsables, c’est la première fois depuis 1997, année où les ventes à caractère caritatif ont été instituées, que les recettes baissent et la raison en serait double: d’une part, la crise économique et financière pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs, et, d’autre part, le passage dévastateur du typhon Morakot dans le sud du pays, le 8 août dernier (2), a mobilisé la générosité des donateurs, amenuisant d’autant la disponibilité de ces derniers pour de nouveaux appels.

Sise dans le diocèse de Hsinchu, au nord-ouest de Taiwan, la Fondation Saint-Joseph a été fondée en 1975 par un jésuite missionnaire récemment décédé, le P. Stephen Jaschko (1911-2009). Actif sur le continent chinois puis à Taiwan à partir de 1950, le missionnaire avait à cœur de subvenir aux besoins éducatifs des enfants et des adultes inadaptés ou handicapés. Aujourd’hui, les deux centres qu’il a contribués à fonder accueillent 200 jeunes âgés de 15 et plus en formation professionnelle et une soixantaine de jeunes enfants avant leur prise en charge par les institutions étatiques.

Lin Hsiang-ya, vice-présidente de la Fondation, explique que, bon an mal an, les ventes de gâteaux de lune permettaient de couvrir une partie des frais de fonctionnement de ces institutions et de faire connaître l’œuvre à de futurs bienfaiteurs. Pour la fête de la mi-automne, célébrée cette année le soir du 3 octobre, seulement 8 200 boîtes de ces gâteaux traditionnels ont été vendues, soit un tiers de moins que l’an dernier. La recette versée à la fondation s’est montée à 1 million de dollars taiwanais (20 000 euros), en net retrait par rapport au 1,5 million de l’an dernier. Ce manque à gagner va obliger la fondation à reconsidérer, du moins à retarder, la mise en chantier d’une maison d’accueil pour les handicapés âgés dont les parents sont décédés ou ne sont plus en assez bonne santé pour s’occuper de leur enfant, souligne Lin Hsiang-ya.

Selon elle, la raison de cette baisse des recettes tient en premier lieu à la crise économique, la sollicitation des entreprises ayant donné moins de résultats cette année que l’an dernier, mais s’ajoute à ce facteur une certaine « fatigue » des donateurs, notamment des personnes individuelles. En effet, après le passage du typhon Morakot dans le sud de l’île, la fondation avait appel à la générosité du public au début du mois de septembre en mettant en vente des gâteaux de lune, symbole de réunion familiale. Les bienfaiteurs avaient répondu positivement à cet appel, mais, à peine plus d’un mois après, ils renâclent à de nouveau se montrer généreux, analyse Lin Hsiang-ya. Elle ajoute que le conseil de la fondation a décidé de faire de la traditionnelle fête de Noël une soirée spéciale de levée de fonds, dans l’espoir que les gens sauront se montrer généreux à cette occasion.

(1) La fête de la mi-automne ou fête de la lune est célébrée dans le monde chinois le soir du 15ème jour du huitième mois lunaire (d’où son appellation de « 15 août »). Ce jour-là, la pleine lune est la plus ronde et la plus lumineuse de l’année, ce qui symbolise l’unité de la famille et le rassemblement. Traditionnellement, on consomme à cette période des gâteaux de lune (yue bing), le modèle classique contenant une pâte sucrée de haricots ou de dattes enrobant un jaune d’œuf de cane salé qui rappelle la lune. La surface est décorée de motifs en relief en relation avec les légendes lunaires ou d’idéogrammes auspicieux (voire de motifs chrétiens pour les gâteaux de lune réalisés à l’intention des chrétiens), et plus récemment de caractères indiquant prosaïquement le contenu des gâteaux pour faciliter le choix des clients devant leur diversité croissante. Célébrée sous le nom de Zhongqiujie dans le monde sinophone, le festival de la mi-automne est fêté sous le nom de Têt Trung Thu au Vietnam, de Tsukimi au Japon et de Chuseok en Corée.
(2) Voir EDA 513

(Source: Eglises d'Asie, 6 octobre 2009)