Après l’annonce, par des sources romaines, de la venue d’une délégation du Saint-Siège au Vietnam pour le 16 février prochain (1), une déclaration du porte-parole des Affaires étrangères vietnamien, Lê Dung, vient d’apporter de nouvelles informations dont on voit mal comment elles s’articulent avec les précédentes. Le communiqué du porte-parole affirme que, ce même 16 janvier, se réunira pour la première fois à Hanoi le « groupe mixte d’experts Vietnam-Vatican » en vue de négocier l’établissement de « relations » entre les deux Etats.

Le communiqué a été diffusé en premier lieu par l’Agence vietnamienne d’information (Thông Tâ Xa Viêt Nam), en langues anglaise et française, dans la soirée du 11 février. Il a été immédiatement repris par de nombreux journaux et sites Internet officiels vietnamiens. Le Nhan Dân titre: « Echanges concernant l’établissement de relations entre le Vatican et le Saint-Siège ». Le Journal électronique du Parti communiste, dans sa présentation, souligne l’importance du déplacement de la délégation du Saint-Siège à Hanoi. La plupart des journaux et des sites se contentent de reprendre, mot à mot, le communiqué du porte-parole gouvernemental.

Ce dernier a pris soin de mettre en relief les circonstances dans lesquelles va se dérouler cette réunion, à savoir « dans le cadre d’une politique étrangère d’indépendance, d’autonomie », marquée par « la multiplication et la diversification de ses relations internationales ». L’auteur du communiqué fait remarquer aussi que la proposition de cette rencontre a été faite par le Saint-Siège. Il est enfin annoncé que la délégation du Saint-Siège conduite par Mgr Parolin, sous-secrétaire d’Etat, rencontrera une délégation des Affaires étrangères vietnamiennes dirigée par Nguyên Quôc Cuong, vice-ministre des Affaires étrangères.

L’annonce du gouvernement vietnamien laisse subsister plusieurs points obscurs. On remarquera en premier lieu que, nulle part, il n’est question de l’établissement de relations « diplomatiques ». Le texte ne parle que de « relations » entre les deux pays, sans y ajouter de qualificatif. Par ailleurs, le Bureau des Affaires religieuses, qui, habituellement, joue un très grand rôle dans ces négociations annuelles entre le Saint-Siège et le Vietnam, n’est absolument pas mentionné.

La principale interrogation concerne la nature de ce « groupe mixte d’experts Vietnam-Vatican », dont il est question pour la première fois. Pour le moment, aucune information provenant du Saint-Siège n’a confirmé la création de cette commission. Les sources romaines annonçant le voyage de la délégation du Saint-Siège à Hanoi ont seulement mentionné la présence dans ce groupe du sous-secrétaire d’Etat, Mgr Parolin, et d’un prêtre membre de la Congrégation de l’évangélisation des peuples.

Depuis longtemps, il est question d’un groupe de travail chargé de préparer le programme conduisant à l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays. Lors de sa visite au pape Benoît XVI, le 25 janvier 2007, le Premier ministre Nguyên Tân Dung avait pris acte de la proposition faite par le Saint-Siège d’établir des relations diplomatiques classiques entre les deux parties. Il avait proposé de laisser aux bureaux diplomatiques des deux pays la tâche d’en discuter concrètement (2). Cette réponse avait déjà été donnée à d’autres occasions, notamment à l’époque où l’Eglise du Vietnam avait proposé au gouvernement d’inviter le pape Jean Paul II à visiter le Vietnam. Lors de la visite de la délégation romaine à Hanoi en juin de l’année dernière, les représentants du Vatican avaient proposé au Vice-Premier ministre Pham Gia Khiêm, de constituer le plus tôt possible un groupe de travail chargé d’établir le calendrier et le mode d’établissement de ces relations. Le conflit entre la communauté catholique et les autorités civiles de Hanoi n’avait pas permis de préciser les suites qui avaient été données à cette initiative.

On peut penser que cette insistance soudaine et exclusive sur la question des relations entre le Vietnam et le Saint-Siège pourrait permettre aux autorités vietnamiennes d’éviter de répondre aux questions que ne manqueront pas de poser les représentants romains au sujet des problèmes importants concernant les relations actuelles entre les catholiques et leur gouvernement.

(1) Voir dépêche EDA diffusée le 9 février 2009.
(2) Voir EDA 456.

(Source: Eglises d'Asie, 12 février 2009)