La mobilisation du diocèse de Vinh contre la pollution maritime se poursuit.

Dimanche 7 août dernier, près d’une dizaine de milliers de catholiques de Vinh, à l’appel de la hiérarchie du diocèse, se sont mobilisés sur les routes du pays. De longs cortèges se sont formés pour protester contre la catastrophique pollution de l’environnement maritime déclenchée par l’usine taïwanaise Formosa, installées sur les côtes de la province du Ha Tinh. Le complexe industriel a déversé en mer des matières toxiques qui ont provoqué la mort d’innombrables poissons et crustacés de toutes espèces, qui sont venus s’échouer sur les plages de quatre provinces côtières du Centre-Vietnam; le début de la pollution date des premiers jours du mois d’avril. Elle a suscité rapidement les protestations de groupes, de villages, de la hiérarchie catholique, avec une lettre pastorale de l’évêque du lieu particulièrement sévère pour l’incurie des autorités locales. La manifestation du 7 août était en quelque sorte la conclusion d’une série de protestations locales ayant eu lieu dans les diverses paroisses du diocèse.

C’est un communiqué publié le 27 juillet 2016 par la Commission diocésaine ‘Justice et Paix’, signé par l’évêque lui-même, qui avait proposé aux catholiques de choisir le 7 août comme jour consacré à la protection de l’environnement. Les motivations de la manifestation y étaient clairement exposées: « Notre environnement vital est gravement menacé. Le complexe sidérurgique Formosa du Ha Tinh a rejeté des déchets toxiques dans les eaux de la mer, provoquant de graves dommages pour la vie de la population, des dommages qui se prolongeront durant de nombreuses années encore. Ces derniers jours, la presse a informé ses lecteurs que Formosa non seulement rejetait ces déchets en mer, mais enfouissait en terre des substances toxiques en de nombreux endroits. » Le communiqué proposait aux catholiques de faire du 7 août, une journée de prière pour la protection de l’environnement naturel et de protestation contre les atteintes récentes à l’équilibre écologique.

Le 7 août dernier, la manifestation principale a rassemblé plus de cinq mille fidèles, dont beaucoup étaient des pêcheurs, venus de différentes paroisses. Selon le curé de la paroisse de Phu Yên, un des animateurs du mouvement, les manifestants appartenaient principalement à trois grosses paroisses. Mais certains groupes venaient d’autres paroisses éloignées de Vinh d’une dizaine de kilomètres.

Selon les comptes-rendus des radios étrangères et le témoignage du curé de Phu Yên, la première motivation des participants était la volonté de s’exprimer sur la catastrophe écologique provoquée sur l’environnement maritime par l’usine taïwanaise. Les calicots demandaient la fermeture immédiate de l’usine dont les responsables devaient auparavant indemniser les victimes et restaurer les dégâts causés à la faune maritime.

Le cortège formé par l’ensemble des manifestants occupait à lui seul plus d’un kilomètre de route et a traversé de nombreuses communes. Selon le curé de Phu Yên, l’itinéraire de la manifestation, ainsi que les horaires, avaient été présentés auparavant aux autorités locales afin que celle-ci assurent la sécurité. Selon les dires du prêtre, des forces policières considérables avaient été postées sur le parcours. Aucun heurt cependant ne s’est produit, en respect de la consigne donnée aux participants de défiler dans le respect et la non-violence. Pourtant, les jours précédant la manifestation et particulièrement la veille, un peu partout, la tension était très forte et préoccupait les responsables. Le jour même, le calme était revenu et la manifestation s’est déroulée sans que la police fasse preuve d’agressivité.

Le même dimanche 7 août, d’autres manifestations de moindre ampleur, rassemblant quelques centaines de personnes, ont eu lieu en divers autres lieux du diocèse, en particulier dans la province de Quang Binh et de Ha Tinh. Là aussi, les forces de l’ordre étaient présentes en grand nombre. Il faut signaler tout particulièrement le groupe de plus de 700 manifestants, des catholiques de l’ancienne paroisse de Dong Yên, qui sont parvenus jusqu’aux portes de l’usine Formosa pour y faire connaître leurs sentiments. Les participants portaient inscrit sur leurs vêtements la phrase: « Formosa, fous le camp du Vietnam ! », et d’autres slogans de ce type. C’est le seul endroit où des heurts, sans conséquence toutefois, ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les manifestants.

Récemment, le 22 août, un communiqué du ministère vietnamien des Ressources naturelles et de l’Environnement s’est efforcé de ramener de l’optimisme au sein de l’opinion publique. Selon lui, une enquête portant sur les quatre mois de pollution dans les quatre provinces touchées montrerait que le taux de substances toxiques aurait considérablement diminué et que de jeunes poissons commenceraient à voir le jour. (eda/jm)

(Source: Eglises d'Asie, le 23 août 2016)